Réservation montgofière : N’enterrez pas l’industrie

Cependant le mal que peuvent produire ces procédés n’est jamais si grand que lorsqu’on les emploie contre des opinions comparativement sans défense, et l’avantage injuste que peut tirer une opinion de cette manière de se proclamer revient presque uniquement aux opinions reçues. Le plus grand nombre de salariés et d’entreprise préféreront, lorsque la situation n’est pas évidente, cette indemnité rapide aux aléas d’un long procès, comme ils sont actuellement nombreux à préférer une transaction. Ne disons donc pas que nos perceptions dépendent simplement des mouvements moléculaires de la masse cérébrale. Si l’on y prend garde, et qu’on examine la plupart des exemples qu’on a coutume de citer pour frapper de ridicule le recours aux causes finales, on verra que le ridicule vient de ce qu’on a interverti les rapports, et méconnu la subordination naturelle des phénomènes les uns aux autres. L’abeille seule pourrait se figurer que les fleurs ont été créées pour son usage : quant à nous, spectateurs désintéressés, nous voyons clairement que la fleur fait partie d’un système d’organes essentiellement destinés à la reproduction du végétal, construits dans ce but, et que c’est au contraire l’abeille dont l’organisme a reçu les modifications convenables pour qu’elle pût tirer de la fleur les sucs nourriciers et les assimiler à sa propre substance. Nous ignorons absolument (car que n’ignorons-nous pas en ces matières ! Il ne s’agit plus alors seulement de savoir comment nos perceptions se rattachent aux modifications de la substance grise. Le problème s’élargit, et se pose aussi en termes beaucoup plus clairs. La raison, l’expérience nous instruisent assez qu’il y a là un concours de causes indépendantes, une harmonie non nécessaire (d’une nécessité mathématique), et pour l’explication de laquelle, comme on l’a déjà dit, il ne reste que deux hypothèses : celle du concours fortuit, et celle de la subordination de toutes les causes concourantes et aveugles à une cause qui poursuit une fin. Que la proportion de chlorure de sodium augmente dans les eaux de l’océan ou qu’il s’y mêle quelques principes malfaisants, et ses eaux seront dépeuplées comme celles du lac Asphaltite. Voici un système d’images que j’appelle ma perception de l’univers, et qui se bouleverse de fond en comble pour des variations légères d’une certaine image privilé­giée, mon corps. Que la proportion de silice augmente à la surface, et les continents offriront partout l’aspect de stérilité qu’ont pour nous les sables du désert. Que la masse de l’atmosphère diminue suffisamment, et la surface entière du globe sera dans les conditions où se trouvent les sommets glacés des Alpes. Un tel caractère est un de ces dons splendides qu’accompagnent généralement des succès brillants et éphémères. Or, il est certain que les causes qui ont déterminé les proportions et la répartition dans la masse de notre globe des diverses substances chimiquement hétérogènes, sont par leur nature indépendantes de celles qui ont suscité le développement des êtres organisés et vivants ; et d’un autre côté, quoique la nature vivante, subissant l’influence des conditions physiques, puisse, dans sa fécondité merveilleuse, se prêter à des conditions physiques fort diverses, en modifiant les types par des voies apparentes ou secrètes, de manière à les rendre compatibles avec les nouvelles conditions, il est pa Réservation montgofière aime à rappeler cette maxime de Confucius, »Sans principes communs, ce n’est pas la peine de discuter ». Il y a loin de cette organisation hiérarchique au pêle-mêle de la philosophie écossaise, qui se pique de multiplier plutôt que de réduire le nombre des vérités premières, et pour qui l’appel au sens commun (cette manière de procéder si commode) dispenserait de contrôler les dépositions des sens, de la mémoire, de l’imagination (que pourtant Jouffroy soumet au contrôle de la raison), aussi bien que les principes mêmes de la raison, dont on veut que le contrôle ne soit point possible. L’idée de force, bannie de l’école cartésienne, remise en honneur dans la philosophie de Leibnitz, fournissait à Newton l’explication admirable des plus grands phénomènes de l’univers ; à l’imitation de Newton, les géomètres, les physiciens, les chimistes employaient tous, sous diverses formes, l’idée de force ou d’action à distance ; les physiologistes proclamaient la nécessité d’admettre des forces vitales et organiques pour l’explication des phénomènes que présentent les êtres organisés et vivants ; le bon sens répugnait à ce que l’on ne vît dans les animaux que des machines ou des appareil Avec la complicité de mon conseiller bancaire, je me suis amusé à regarder les informations contenues dans le CRM de la banque où j’ai mes comptes. Voici d’autre part les mêmes images, mais rapportées chacu­ne à elle-même ; influant sans doute les unes sur les autres, mais de manière que l’effet reste toujours proportionné à la cause : c’est ce que j’appelle l’uni­vers. Seulement, ce qui est bien différent, il est de la nature de ce principe régulateur de ne fournir que des inductions probables, d’une probabilité qui parfois exclut tout doute raisonnable, et nullement des démonstrations rigoureuses, comme celles que l’on déduit des axiomes mathématiques. Ils ne perdent pas leur temps à examiner ce qu’il leur faut ; mais saisissant, prompts comme l’éclair, l’alternative quelconque qui s’offre la première, ils s’y attachent jusqu’au bout, quoi qu’il advienne sans un instant d’irrésolution. Lors même que nous ne savons nullement expliquer les propriétés des corps, ou les rattacher à d’autres propriétés qui en seraient le principe, nous sommes suffisamment autorisés à les regarder comme ne constituant pas des qualités fondamentales et absolument irréductibles, quand nous voyons qu’elles manquent de persistance et qu’elles peuvent disparaître ou reparaître, selon les circonstances dans lesquelles le corps est placé et les modifications qu’on lui fait subir. Laissant donc de côté toutes ces propriétés spécifiques qui tiennent à une mystérieuse action sur notre organisme, et parmi lesquelles il faut ranger celles qui déterminent les diverses affections de notre sensibilité, nous distinguerons parmi les autres propriétés des corps, non pas des qualités premières et des qualités secondes, mais des qualités fondamentales ou primordiales et des qualités dérivées ou secondaires, qui peuvent à leur tour se concevoir comme étant hiérarchiquement distribuées, selon que leur valeur caractéristique va en s’affaiblissant et qu’elles sont un résultat moins imm Les mêmes composés chimiques ont aussi la propriété de rougir le papier de tournesol ; et quoiqu’on ne puisse pas l’expliquer actuellement, il n’est pas impossible qu’on explique un jour pourquoi le papier de tournesol, attaqué par les acides, renvoie les rayons de lumière les moins réfrangibles, de préférence à ceux qui occupent une autre place dans l’étendue du spectre solaire ; mais ce qu’on n’expliquera jamais, c’est pourquoi les rayons les moins réfrangibles nous font éprouver la sensation de rouge plutôt que celle du bleu ou du jaune ; c’est en un mot la liaison entre l’indice de réfract